Maintien de salaire pour indépendant : comment sécuriser vos revenus en cas d’arrêt ?

Travailler à son compte, c’est souvent une quête de liberté. Pouvoir choisir ses missions, gérer son emploi du temps, ne dépendre de personne… Le statut d’indépendant fait rêver.
Mais cette autonomie a un prix : en cas de pépin de santé, les revenus peuvent s’effondrer du jour au lendemain. Contrairement aux salariés, les travailleurs non salariés bénéficient d’une protection minimale, parfois insuffisante pour faire face à un arrêt de travail, même temporaire.
C’est là qu’intervient une notion trop souvent négligée : le maintien de salaire pour indépendant. Existe-t-il des solutions simples, accessibles, voire automatiques ? Quels sont les pièges à éviter ? Et surtout, comment sécuriser ses revenus sans exploser son budget ?
Dans cet article, on fait le tour des bonnes pratiques, des options disponibles et des erreurs à ne pas commettre pour garder l’esprit tranquille, même quand le corps dit stop.
1. Travailler en indépendant : liberté, mais vulnérabilité financière
Une autonomie séduisante, mais pas sans contrepartie
Être indépendant, c’est faire le choix d’un autre rythme. Celui où l’on construit son activité à son image, où l’on peut dire non à un client, travailler depuis chez soi ou depuis l’autre bout du monde.
C’est un statut qui séduit de plus en plus de Français, toutes générations confondues, pour les libertés qu’il offre : liberté d’organisation, liberté de choisir ses projets, ses partenaires, ses horaires.
Mais cette liberté a un revers que beaucoup découvrent trop tard : l’absence de filet de sécurité.
Une couverture sociale limitée en cas d’arrêt de travail
Quand on est salarié, un arrêt de travail est généralement synonyme de congé maladie avec un revenu partiellement maintenu.
Les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale, voire complétées par l’entreprise, permettent de faire face.
Mais chez les indépendants, ce système est loin d’être aussi généreux. Le régime de base (Sécurité sociale des indépendants ou SSI) prévoit bien une prise en charge en cas d’arrêt maladie, mais elle reste limitée. Très limitée.
Prenons l’exemple d’un graphiste freelance qui facture environ 3 000 € par mois.
S’il se retrouve dans l’impossibilité de travailler pendant trois mois à cause d’un accident, il percevra, au mieux, une indemnité journalière plafonnée autour de 60 € brut par jour, après un délai de carence de 3 jours.
Cela représente à peine 1 800 € par mois, avant charges. Et encore faut-il qu’il soit affilié depuis au moins un an à la SSI, qu’il soit à jour de ses cotisations, et que son médecin ait bien justifié l’arrêt.
Des situations concrètes où l’absence de protection coûte cher
Autre exemple : une entrepreneuse dans le secteur du bien-être, qui propose des prestations à domicile.
Elle contracte une maladie saisonnière un peu longue à guérir, ou doit faire face à une grossesse pathologique. Sans solution de maintien de revenu, c’est une dizaine de jours ou plusieurs semaines de revenus perdus. Et contrairement à un salarié, elle ne pourra pas compter sur un congé maternité automatique ou sur une mutuelle d’entreprise couvrant la perte de revenus.
Ces situations sont loin d’être exceptionnelles. Une mauvaise chute, une opération imprévue, un épuisement professionnel… Il suffit de quelques jours d’arrêt pour que la machine se grippe, surtout quand on gère seul son activité.
Or, dans bien des cas, les indépendants n’ont ni contrat de prévoyance, ni épargne de sécurité suffisante pour compenser.
Anticiper pour éviter la double peine
C’est là que la question du maintien de salaire devient essentielle.
Pas dans une logique anxiogène, mais dans une approche prévoyante et responsable.
Car si l’on ne peut pas toujours éviter un accident ou une maladie, on peut au moins éviter que cela ne devienne une double peine : physique et financière.
2. Quelles solutions pour maintenir un revenu quand on est indépendant ?
Face à cette réalité, il est essentiel pour les indépendants de se poser une question simple mais souvent reportée : si je devais arrêter de travailler demain, combien de temps pourrais-je tenir financièrement ? Et avec quoi ?
Heureusement, plusieurs solutions existent pour pallier l’absence de revenu en cas d’imprévu, à condition de s’y intéresser en amont, quand tout va bien.
S’assurer contre la perte de revenus : le maintien de salaire privé
La première solution consiste à souscrire une assurance maintien de salaire. Il s’agit d’un contrat de prévoyance qui permet de compenser partiellement (ou totalement) la perte de revenu liée à un arrêt de travail.
Le principe est simple : vous payez une cotisation mensuelle, et en cas d’accident ou de maladie, l’assureur vous verse une indemnité journalière selon les modalités du contrat.
Concrètement, cela peut prendre différentes formes :
- une indemnité forfaitaire (ex. : 50 ou 80 € par jour, selon vos besoins),
- ou bien une indemnité calculée en pourcentage de votre revenu moyen.
Ces contrats peuvent aussi inclure une franchise (nombre de jours non indemnisés), une durée maximale d’indemnisation (90 jours, 180 jours, 1 an…) et des exclusions (maladies préexistantes, arrêt non prescrit par un médecin, etc.).
Cela peut paraître fastidieux à comparer, mais c’est un vrai levier de sécurité.
Par exemple, un développeur web indépendant qui opte pour une couverture de 80 € par jour avec une franchise de 3 jours pourra maintenir un revenu correct pendant plusieurs mois d’arrêt, sans devoir puiser dans son épargne ni mettre son activité en péril.
Et la protection « de base » ?
Le régime obligatoire (la Sécurité sociale des indépendants) couvre les arrêts maladie depuis 2020, mais reste très limité, surtout pour les professions libérales non réglementées (comme les coachs, les freelances créatifs ou les consultants).
Si vous êtes auto-entrepreneur, la couverture est encore plus restreinte, car basée sur le chiffre d’affaires et soumise à des seuils d’activité.
Il est donc absolument nécessaire de bien vérifier à quoi vous avez droit selon votre statut : artisan, commerçant, libéral, micro-entrepreneur…
Les disparités sont grandes. Certaines professions sont rattachées à des caisses spécifiques qui offrent des garanties plus intéressantes, mais dans tous les cas, ces garanties restent souvent insuffisantes pour couvrir vos charges courantes (loyer, crédit, alimentation, factures…).
Des réflexes utiles pour limiter les risques
En complément d’une assurance, quelques bonnes pratiques permettent de mieux encaisser les imprévus :
- Constituer une épargne de sécurité représentant 2 à 3 mois de revenus.
- Adapter ses tarifs pour intégrer cette réalité dans son modèle économique.
- Opter pour une mutuelle adaptée qui propose des options de prévoyance intéressantes, notamment quand elle s’adresse aux non-fonctionnaires ou aux indépendants.
C’est notamment le cas de certaines offres pensées spécifiquement pour les travailleurs non salariés, comme des solutions de maintien de salaire pour indépendant simples, accessibles et adaptées à celles et ceux qui ne bénéficient pas de couverture via une entreprise ou un régime public protecteur.
3. Bien choisir sa solution de maintien de salaire : erreurs à éviter et bons plans à connaître
Souscrire une couverture pour maintenir ses revenus en cas de coup dur, c’est une bonne idée. Mais encore faut-il bien la choisir.
Trop souvent, les indépendants s’engagent dans un contrat sans prendre le temps d’en comprendre les subtilités, ou repoussent cette décision en pensant qu’ils “verront plus tard”.
Résultat : des protections inadaptées, trop chères ou carrément inutilisables en cas de besoin.
Les pièges classiques
L’un des premiers pièges consiste à penser que la sécurité sociale “fera le job”.
C’est rarement le cas.
Les indemnités journalières sont plafonnées, soumises à des conditions, et ne couvrent ni les charges fixes ni le train de vie.
Autre erreur fréquente : souscrire un contrat de prévoyance sans lire les exclusions. Certaines assurances ne couvrent pas les arrêts liés à des maladies psychologiques, à des troubles musculo-squelettiques (courants chez les professions sédentaires), ou imposent des délais de carence trop longs.
Prenons l’exemple d’un artisan du bâtiment qui paie une cotisation modique pour une couverture « minimum ».
Lorsqu’il se blesse sur un chantier, il découvre que son contrat prévoit un délai de franchise de 30 jours : il n’aura donc aucune indemnité pendant le premier mois d’arrêt, alors qu’il ne peut plus honorer ses chantiers ni facturer.
C’est le genre de surprise qu’on préfère éviter.
Les critères à comparer
Avant de signer, il est important de se poser les bonnes questions :
- Le montant de l’indemnité est-il suffisant pour couvrir mes dépenses ?
- Le délai de carence est-il réaliste ?
- Combien de temps suis-je indemnisé au maximum ?
- Quelles sont les exclusions ? Y a-t-il des pathologies ou des situations non couvertes ?
- Est-ce que je peux ajuster le contrat si mes revenus évoluent ?
Comparer les offres prend un peu de temps, mais c’est un investissement rentable sur le long terme.
Certaines plateformes proposent des simulateurs ou des comparateurs clairs, mais attention aux courtiers peu transparents.
Des solutions pensées pour les indépendants
Les indépendants n’ayant pas accès à une mutuelle d’entreprise doivent souvent chercher des solutions par eux-mêmes.
Heureusement, certaines structures ont pensé à eux. Ce type d’acteur est souvent plus à l’écoute des besoins spécifiques des indépendants que les grandes compagnies généralistes.
Le bon réflexe ? Anticiper plutôt que subir.
En matière de maintien de salaire, c’est souvent une démarche qu’on ne regrette que lorsqu’il est trop tard. Un contrat bien choisi, ajusté à votre activité et à votre mode de vie, peut faire toute la différence en cas d’imprévu.
Conclusion
Travailler en indépendant, c’est prendre le contrôle de son quotidien, mais aussi accepter une part de risque. Si cette liberté est précieuse, elle demande aussi d’anticiper les moments où l’on ne pourra pas être sur le pont.
Le maintien de salaire n’est pas un luxe : c’est un filet de sécurité indispensable pour protéger son activité, son équilibre personnel et sa tranquillité d’esprit.
Qu’il s’agisse d’une assurance privée, d’une mutuelle spécialisée ou simplement d’une bonne organisation financière, plusieurs leviers existent pour sécuriser ses revenus. L’essentiel est de ne pas attendre le moment critique pour s’en préoccuper.
Prendre le temps de se renseigner, comparer, poser des questions, c’est déjà faire un pas vers une indépendance plus sereine.